Comet – Sam Esmail

comet bann

Comet est le premier film de Sam Esmail, créateur de génie à qui l’on doit la géniale Mr. Robot (critique juste ici, allez, clique !). Drame romantique porté par Emmy Rossum (Shameless) et Justin Long (Alvin et les Chipmunks), il est sorti en 2014, et je n’en avais jamais entendu parler. J’aurais très bien pu passer à côté, si je n’avais pas découvert le travail d’Esmail grâce à Mr. Robot, et si je ne m’y étais pas intéressé. Ç’aurait été une belle erreur : voilà pourquoi je veux vous parler, un peu plus en détail, de Comet.

L’histoire est assez basique. Elle retrace, à travers des scènes de vie en désordre, la relation entre Dell (Justin Long) et Kimberly (Emmy Rossum). Il y a le début de leur relation, la fin, il y a différentes étapes, et on saute de l’une à l’autre assez souvent, on revient en arrière ou on fait un bond en avant. Cette narration n’est pas sans rappeler (500) jours ensemble, de Marc Webb (2009), ou plus récemment The Last Five Years (2014), comédie musicale de Richard LaGravenese (avec Anna Kendrick et Jeremy Jordan dans les rôles-titres) (je le précise parce qu’ils sont extraordinaires). Raconter une histoire de cette manière peut vite rendre les choses confuses : ne plus savoir à quelle époque on se trouve, se désintéresser de l’absence de trame et de surprise, etc. Pourtant, Comet ne m’a pas perdu. Esmail utilise principalement cinq moments pivots dans la relation entre Dell et Kim. Il les développe petit à petit, révèle les enjeux de ces scènes au fur et à mesure, chacune étant un instant-clé dans la vie amoureuse des deux protagonistes.

05889c37-ee95-4c61-b250-915f77dab6d1-1020x612

Alors certes, on s’attend un peu à ce qui se passe. Les personnages ont des caractéristiques assez clichées, entre le jeune homme pessimiste, agaçant parfois, qui ne croit pas à l’amour, et sa copine encore idéaliste, curieuse de tout, fatiguée qu’on la trouve juste sexy. Mais les acteurs sont convaincants, et leur alchimie crève l’écran. Si leurs dialogues parfois nous rappellent que oui, on regarde un film romantique, et que non, décidément, ce n’est pas comme ça que ça se passe dans la vraie vie, je n’ai pas trouvé ça gênant. J’aime bien un peu de poésie.

Et puis Comet, c’est tellement plus que ça. Les transitions entre les différentes scènes sont comme des bugs dans la matrice, l’écran saute et les couleurs saturent. Il semble parfois que tout soit un rêve, un univers parallèle où les personnages sont les mêmes, à quelques détails près. Cette idée est véhiculée par Dell et Kim eux-mêmes, qui sans arrêt parlent de leurs rêves, de l’hypothèse selon laquelle on pourrait vivre plusieurs vies. Ce film joue avec son spectateur, évoque le Bruce Willis de Sixième Sens comme si Dell était mort, comme si son histoire avec Kim n’était qu’une illusion, avant de revenir à la réalité et voir nos doutes s’effacer. Cette ambiguïté apporte au romantisme, à la délicatesse du film. Elle lui donne un aspect chimérique qui, pour ma part, a très bien fonctionné.

comet_02

La réalisation m’a beaucoup rappelé Mr. Robot, ce qui est normal, mais m’a agréablement surpris quand même. Ces cadres larges, ces plans excentrés, ces superpositions de filtres, marchent étrangement bien sur moi. En alternant plans d’ensemble et gros plans, en n’introduisant que deux personnages secondaires qui disparaissent bien vite pour laisser toute la place à Kim et Dell, Comet tire un portrait intimiste d’une relation amoureuse fantasmée et fantastique. J’étais dedans, j’étais impliqué, j’avais des étoiles dans les yeux. Parfois, j’avais envie d’en prendre un pour taper sur l’autre, parce que franchement, c’est pas si compliqué de s’aimer, et puis parfois ils te font bien comprendre que si, c’est compliqué, que c’est beau et moche en même temps, que ça fait autant de bien que ça fait de mal.

Comet n’est pas un film qui bouleversera vos convictions, peut-être même qu’il ne vous marquera pas plus que ça. De mon point de vue, c’est un bon film malgré tout, une bouffée d’air frais dans le paysage des romances au ciné. Les acteurs sont bons, la réalisation est excellente, et puis il ne dure que 90 minutes. Accordez-vous donc un p’tit plaisir, et matez ça !

Laisser un commentaire