Mr. Robot (saison 1) – Sam Esmail

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Mr. Robot, c’est l’incroyable série de Sam Esmail, sortie au courant de l’été 2015 sur la chaîne USA Network. Elle ne compte qu’une saison pour l’instant, de dix épisodes, mais a été renouvelée pour une saison 2 (avant même la diffusion du pilote de la saison 1, c’est dire combien c’est bon) prévue pour l’été 2016. En gros, ça se regarde vite, et vous avez jusqu’à juin prochain pour vous mettre à jour. Pas le choix.

Ça parle de quoi, Mr. Robot ?

Le pitch de base nous entraîne dans la vie d’Elliot Alderson (Rami Malek), un jeune gars qui habite à New-York et qui porte tout le temps des hoodies noirs pour cacher ses yeux trop écarquillés et cernés jusqu’au menton. Il bosse pour Allsafe Security, une boîte chargée de la sécurité informatique de plusieurs entreprises, leur plus gros client étant E Corp, rapidement appelé Evil Corp dans la série. En parallèle à cette vie, d’apparence rangée, Elliot devient la nuit un formidable hacker. Cependant, il est rongé par de nombreux troubles mentaux (anxiété sociale, dépression, paranoïa) et ses incapacités sociales altèrent son jugement. Il hacke l’intimité des gens qu’il fréquente, pensant ainsi apprendre à les connaître, mais s’introduit parfois aussi dans la vie de gens aux vices et crimes cachés. Il peut alors s’apparenter à une sorte de cyber-justicier.

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Elliot a de grosses déficiences humaines et sociales, mais derrière un clavier, il fait des miracles. C’est pour cette raison, qu’un groupe de hackers répondant au nom de Fsociety, dirigé par l’anarchiste  »Mr. Robot », cherche à le recruter, afin de détruire Evil Corp et, de ce fait, rendre service à une société opprimée et manipulée. Voilà le postulat de départ.

Pourquoi c’est bien, en fait ?

Je l’admets, décrit de la sorte, la série paraît surtout assez complexe, et vraiment pas du goût de tous. Le monde de l’informatique me fascine énormément, pourtant il y a de nombreux termes techniques, de nombreuses expressions qu’un néophyte comme moi peut avoir du mal à comprendre. Dans la série, les choses sont plutôt bien expliquées, on entre dans les détails du hack mais Elliot nous y guide avec lenteur. Il nous explique ce qu’il fait, se l’explique à lui-même -car il nous parle, comme si nous étions son ami imaginaire, la petite voix dans sa tête- et ça paraît vrai. Esmail a affirmé s’être entouré de plusieurs experts informatiques pour toutes les questions techniques du show, ce qui se voit clairement : on est loin des pianotages à l’aveugle sur le terminal Windows. On entre bel et bien dans le monde du hack, celui qui met des heures à faire fonctionner un algorithme, qui multiplie les codes à rallonge, qui permet de faire à peu près tout quand on sait s’en servir.

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Si cet univers, ce domaine me plaît beaucoup, j’ai conscience que ce n’est pas le cas de tout le monde. Et bien entendu, ça joue une part importante dans la série, mais Mr. Robot, c’est surtout Elliot. Un paumé qui parle tout seul, qui se défonce sur son canapé, qui réfléchit sur tout, tout le temps, et qui paraît être un sociopathe complet. Il est attachant. J’ai eu envie de le protéger des dangers du monde, chaque minute où ses grands yeux de biche apparaissaient à l’écran. Je ne connaissais que très peu Rami Malek, sinon dans son apparition au sein du casting de The Pacific. Il ne m’avait pas plus marqué que ça. Mr. Robot le révèle, clairement, comme l’un des acteurs les plus talentueux de sa génération. Sans trop en dévoiler, le personnage d’Elliot est complexe, perturbé, plus humain et sensible que n’importe qui. Il est un plaisir à écouter, un plaisir à suivre durant ces dix épisodes. Rien que pour lui, cette série vaut le coup.

Pourtant, il n’est pas l’unique raison de sa réussite. La première série de Sam Esmail est ce qu’on appelle un techno-thriller. En gros, une sorte de drame social sur fond de questionnement politique et sociétal. Avec du high-tech, des hackers et des anti-héros. Ça sonne un peu barbare, mais c’est en réalité génial : à travers le personnage d’Elliot, qui n’entre pas dans le moule de la société, et pose sur elle un jugement acerbe, Esmail dresse un portrait satirique du monde qui nous entoure. Il critique le capitalisme, il critique les relations qu’on entretient avec les autres, nos désirs parfois irréfléchis de rébellion contre le système, etc. Il fait d’Elliot un porte-parole de notre temps, un justicier dont l’arme première est son ordinateur. Quelqu’un qui nous parle, que nous, spectateurs du 21ème siècle, comprenons.

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Pour appuyer ses propos, Esmail a mis le paquet sur la réalisation. Cadrage, découpage, colorimétrie, bande-son, tout est choisi au millimètre près, dans les moindres détails. Tout a un sens. Il avait déjà fait un formidable travail sur son premier film, Comet (la critique est là, je fais mon auto-promo), et on retrouve des techniques similaires : les plans excentrés, le jeu des filtres, l’alternance de styles musicaux, etc. Mr. Robot est une belle série, son esthétique est maîtrisée, à regarder c’est un régal. C’est aussi bourré de clins d’oeil. Je ne les citerai pas tous, notamment pour ne pas trop en dévoiler sur l’intrigue du show, mais on retrouve des références à American Psycho, de Mary Harron (2000) à travers Evil Corp, ou bien aux œuvres de Kubrick, via le personnage de Darlene (Carly Chaikin). On voit que rien n’est laissé au hasard, que le projet est mûrement réfléchi, et qu’il va quelque part. Tout ce qu’on veut, c’est y aller aussi.

Je fais quoi moi, maintenant ?

Y a plein d’autres trucs à dire sur Mr. Robot, plein de moments extraordinaires, de personnages super intéressants, mais ça sert à rien de tout énumérer. Je veux vous donner envie de mater cette série, alors si vous avez le fou désir de vous lancer dans le pilote après lecture de cette critique, allez-y sans hésitation. Lisez même pas cette conclusion, on s’en fout, dépêchez-vous et tombez amoureux du show. Si vous n’êtes pas vraiment convaincu, allez-y quand même. Au bout de quelques épisodes, vous serez fixés ; si vous n’aimez pas, tant pis.

Mon petit conseil, cependant ? Mieux vaut regarder une saison entière pour se faire une idée, et puis dix épisodes, ça passe vite. Rejoignez Fsociety pour un weekend, et voyez par vous-même.

Une réflexion sur “Mr. Robot (saison 1) – Sam Esmail

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