Mathias Malzieu, chanteur du groupe de rock Dionysos, est un artiste aux multiples facettes. Non seulement est-il musicien et chanteur, mais il écrit également des romans, largement inspirés de sa vie. La Mécanique du cœur est son troisième ouvrage, sorti en 2007 aux Éditions Flammarion. La même année, est sorti l’album du même nom, comprenant 18 morceaux tous inspirés du roman. Ce livre a été un tel succès qu’il a été adapté en film d’animation musical en 2014. Autant dire que La Mécanique du cœur a son petit groupe de fidèles, et j’en fais partie. C’est l’une de mes œuvres préférées : essayons de vous expliquer pourquoi.
C’est quoi, l’histoire ?
Tout commence en Écosse, dans la froide ville d’Édimbourg, en 1874. L’histoire s’attarde sur la naissance du petit Jack. On dit de lui qu’il est né « le jour le plus froid du monde », et ainsi que son cœur a gelé. Il aurait dû mourir, mais la femme qui l’a mis au monde met une horloge dans son cœur, pour que ce petit glaçon continue de battre, et que Jack survive. Il peut alors mener une vie presque normale : il y a quand même quelques conditions. D’abord, Jack doit remonter son horloge tous les jours. Il doit aussi éviter tout sentiment de forte colère, sans quoi son cœur pourrait avoir des ratés. Mais le plus important, ne surtout jamais se laisser tomber amoureux, ou son horloge exploserait.
Durant toute son enfance, Jack n’a aucun problème avec ces conditions. Il reste dans la maison de Madeleine, la sage-femme qui l’a mis au monde, soigné et adopté, et ça lui suffit. Seulement il grandit, et le monde extérieur commence à beaucoup l’attirer. Quand son dixième anniversaire arrive, Madeleine accepte de l’accompagner en ville. C’est durant cette sortie que Jack rencontre Miss Acacia, dont il tombe follement amoureux malgré les interdits. Les aventures qui s’en suivront seront chamboulées par le cœur mécanique en bazar de Jack.
« Je suis en danger de mort? Peut-être, mais je suis en danger de vie si je ne la revois pas, et, à mon âge, je trouve ça encore plus grave. »
Et c’est bien ?
Présenté ainsi – et comme la majorité des résumés – il ne semble pas qu’il y ait grand-chose de nouveau. Il s’agit d’une histoire d’amour, mais pas seulement. Il s’agit aussi d’une histoire d’émancipation, des craintes qu’on peut avoir à s’engager en amitié, à s’engager corps et âme pour une cause. C’est un roman qui véhicule de très beaux messages, et qui le fait de la meilleure des manières : à travers la poésie. Ce n’est pas de la poésie formellement parlant, mais La Mécanique du cœur regorge d’analogies étranges, de scènes décalées et métaphoriques. Malzieu dépeint un monde onirique, peuplé de personnages aux stéréotypes écorchés, qui dépoussièrent les modèles archaïques auxquels on peut être habitué en tant que lecteur. Ça fait un bien fou.
A mon avis, ce roman n’est pas fort de ses enjeux, mais de sa forme. Il retrace une histoire d’amour, d’amitié, celle d’un enfant qui grandit, c’est assez basique et, expliqué ainsi, ça n’a rien de transcendant. Seulement, Malzieu arrive à raconter cette histoire avec son style si particulier, celui d’un gamin curieux et créatif, qui s’émerveille de tout et qui manie les mots à la perfection. Dans toute leur maladresse, tous leurs sens cachés. Ce roman est rapide à lire, il se dévore, il se savoure, il est tout simplement beau, voilà.
« Il doit rester quelques rêves d’enfant cachés sous mon oreiller, je tenterais de ne pas les écraser avec ma tête lourde de soucis d’adulte. »
Vous pouvez acheter La Mécanique du cœur pour vraiment pas cher, vous pouvez l’emprunter à la bibliothèque, ou à un de vos amis qui l’aurait en sa possession, bref vous avez les moyens de vous le procurer. Alors faites-le, vraiment. Que vous soyez un lecteur passionné ou occasionnel, ce livre vous prendra au cœur. Une fois lu, vous pourrez écouter l’album de Dionysos du même nom (leur meilleur album selon moi!), et pourquoi pas voir également le film, Jack et la mécanique du cœur, qui est largement inspiré du roman, bien que certains éléments et la fin soient différents.
Vous faites ce que vous voulez.
Mais vous lisez ce roman au plus vite, et vous me dites ce que vous en avez pensé. Sinon, je vous gèle le cœur et j’y cale une horloge cassée, moi.
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