Buffy contre les vampires – Joss Whedon

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Buffy contre les vampires est l’une de mes séries préférées. De nos jours, bien qu’elle ait un fandom assez impressionnant, elle reste à mon sens sous-estimée. Considérée comme un drame surnaturel adolescent, vieux de bientôt 20 ans, beaucoup critiquent ou désavouent cette série, sans même s’être donné la peine de regarder autre chose que deux, trois épisodes dans le désordre, lors de sa diffusion. Du coup, j’ai envie de vous dire pourquoi j’aime cette série, pourquoi c’est l’un des plus gros chefs-d’œuvre du paysage audiovisuel, et pourquoi vous devez absolument lui donner sa chance.

C’est quoi, ça vient d’où, ça parle de quoi ?

Buffy contre les vampires a été créée par Joss Whedon (le seul, l’unique, le maître aussi responsable de Firefly, de Dollhouse, des films Avengers, entre autres) en 1997, il y a donc un bout de temps. La série a été arrêtée en 2003, elle se compose de 7 saisons d’une vingtaine d’épisodes chacune, exceptée la première qui n’en compte que douze. A l’origine, Buffy était le personnage d’un film (Buffy, tueuse de vampires, sorti en 1992) scénarisé par Whedon. Le film a été tourné comme une comédie, ce qui n’était pas le souhait de Whedon, dont le script était plus noir et plus profond. Il voulait dépeindre le portrait d’une jeune femme qui brise l’image, à l’époque encore très présente, de la demoiselle en détresse, et qui devient l’héroïne de sa propre histoire. Déçu par le résultat (il n’était pas le seul, le film ayant été majoritairement mal accueilli par la presse et les spectateurs), Joss Whedon se bat donc pour produire une série sur Buffy, dont il aurait les commandes. En 1997, le premier épisode est diffusé sur The WB, ancienne chaîne qui a également diffusé Charmed et Smallville, pour ne citer que celles-ci.

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Buffy contre les vampires raconte l’histoire de Buffy Summers (Sarah Michelle Gellar), une lycéenne, également connue pour être la Tueuse de vampires. Il n’y a qu’une Tueuse dans le monde, et chaque fois qu’elle est vaincue, une nouvelle Tueuse est activée. Celle qu’on va suivre, celle à laquelle on va s’attacher, c’est Buffy. Elle va devoir combattre des vampires, mais aussi des démons, des créatures de légende, des humains mal intentionnés, et j’en passe. Pour cette bataille, elle ne sera pas seule : elle a un protecteur, un guide et un mentor, son Observateur. Si le combat d’une Tueuse est censé être solitaire, Buffy se distingue, parce qu’elle va entraîner ses amis avec elle. C’est ainsi que commence la première saison, et je sais ce que vous vous dites,  »c’est quand même très cliché, très surnaturel, très adolescent ». Je ne dirai pas le contraire, notamment parce que la première saison est celle qui a le plus mal vieilli. Celle-ci ne compte que 12 épisodes, en revanche, elle est donc rapidement regardée. Étant donné qu’elle installe le cadre, et que la storyline principale est encore timide, elle n’est clairement pas la plus marquante. Les choses sérieuses commencent ensuite.

Chaque saison a son fil rouge conducteur, qui s’inscrit dans une logique scénaristique assez extra. La raison pour laquelle j’aime autant Buffy contre les vampires, c’est parce qu’en la regardant, du début à la fin, on voit le travail effectué. On voit d’où partent les personnages, chacun d’entre eux, et leur parcours pour terminer là où ils terminent, au dernier épisode de la saison 7. Ils grandissent, et on grandit avec eux. Buffy, mais aussi ses acolytes Giles (Anthony Stewart Head), Willow (Alyson Hannigan), Xander (Nicholas Brendon), tous sont exploités au maximum, tous ont une importance non négligeable dans cette grande fresque que constitue la série.

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T’aimes Buffy, on a compris, mais nous pourquoi on devrait aimer ?

Il y a du surnaturel dans cette série, et le fantastique prend une part immense, ce qui peut en rebuter beaucoup. Seulement, Buffy contre les vampires, au contraire d’autres séries fantastiques récentes, ne met pas de côté la vie réelle pour autant : on parle de questionnement sexuel et d’homosexualité, à une époque où c’est encore rare sur les écrans. Cette série traite aussi des problèmes d’argent que chaque foyer peut rencontrer, des doutes qu’on peut avoir sur son avenir, sur son emploi, sur la vie qu’on veut mener. Elle aborde la notion de responsabilité, le passage à l’âge adulte. Le deuil et la mort, d’une manière très vraie, très touchante. Ces éléments ne sont pas épisodiques, ils constituent un véritable background et se couplent parfaitement aux épreuves surnaturelles que le petit groupe affronte. C’est ce que je reproche aux séries actuelles : lorsqu’elles touchent au fantastique, elles abandonnent toute logique, comme si les personnages n’étaient soudain plus inscrits dans le monde réel. Buffy contre les vampires s’intéressent à des thématiques qui parlent à tous les spectateurs. C’est l’un de ses points les plus forts – qu’on ne peut apprécier que si l’on regarde la série de bout en bout, j’en conviens.

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Un autre élément qui devrait vous pousser à binge-watcher ce show, ce sont ses personnages. J’ai déjà évoqué, un poil plus haut, leur exploitation entière et complexe, mais ils méritent un paragraphe rien qu’à eux. Ils méritent un autel, en vrai, mais on va pas aller jusque là. Faudra qu’ils se contentent d’un paragraphe ! Buffy, l’héroïne de la série, est une jeune fille qui porte le poids du monde sur ses épaules. Elle doute, elle fait des erreurs, elle est humaine et faillible. C’est tellement bon, de voir un personnage central qui se trompe aussi, qui ne réussit pas tout ce qu’il entreprend. L’interprétation de Sarah Michelle Gellar est extraordinaire, je crois que je ne l’ai jamais vue aussi talentueuse que dans ce show. Elle a des histoires d’amour, mais tout ne tourne pas autour de celles-ci, parce que ce n’est pas le but de la série (Vampire Diaries, si tu m’entends…) ; comme je l’ai dit, elle est humaine et elle tombe sous le charme de certains garçons. D’un, en particulier : Angel (David Boreanaz). Cette relation est l’une des plus torturées et impossibles de la télévision, elle est déchirante et superbement écrite. Ce qui se passe ensuite, je ne le spoilerai pas, des fois que vous voudriez donner sa chance à la série.

Willow et Xander, les meilleurs amis de Buffy, ainsi que Giles, son Observateur et père de substitution, ont aussi grandi à travers le show. Chaque personnage gagne en profondeur, a ses propres histoires d’amour, ses propres démons, ses propres tragédies. Tout ne tourne pas autour de Buffy, mais bel et bien autour de ce petit groupe ; et les conflits entre eux sont parfois violents, aussi vrais que possible. Ce réalisme dans la construction des personnages et leur développement, est à mon sens le second point fort de la série.

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Enfin, le troisième thème qu’il me paraît important d’aborder, bien qu’il y ait encore beaucoup, beaucoup d’autres choses à dire sur Buffy contre les vampires, c’est l’innovation dont fait preuve la série dans sa réalisation. Plusieurs épisodes sont vraiment mémorables, par exemple « Hush » (4×10), un épisode presque entièrement muet, « The Body » (5×16) qui traite du décès d’un personnage de manière très brute, sans aucune musique, ou « Once More, with Feeling » (6×07), épisode musical construit autour de chansons originales, interprétées par les acteurs. Ces exemples représentent parfaitement les risques que prend Whedon à mesure que sa série prend du galon dans le paysage audiovisuel et dans le cœur des téléspectateurs, à l’époque de sa diffusion. Il présente de nouvelles manières de divertir, d’émouvoir, et ça fonctionne.

T’as un dernier mot ? Grouille-toi, j’ai envie de commencer Buffy maintenant !

Bon, y a plein de préjugés sur cette série, y a plein d’aprioris, et je les comprends. C’est un vieux show, et ça se voit, notamment dans la première saison. Il y a des longueurs parfois, il s’agit encore de l’histoire d’une femme entourée de vampires, de démons, qu’elle doit combattre, rien de nouveau sous les tropiques en somme. Mais Buffy contre les vampires est à l’origine de beaucoup de séries actuelles, c’est l’une des plus complexes, des mieux construites qui aient existé, et lorsque vous arriverez à la fin de la saison 7, vous verrez l’entièreté de l’histoire qu’on vient de vous raconter. Un conte merveilleux inscrit dans un univers profond et fantastique, des personnages inspirants, autant de qualités, ça doit vous donner envie d’y jeter un œil, non ?

Comme disait Kaa, aie confiance.
Allez-y, tombez amoureux de Buffy.

4 réflexions sur “Buffy contre les vampires – Joss Whedon

  1. C’est sûr que Buffy a été une série fondatrice pour toute la génération 90’s. Puis en plus, ça passait à la grande époque de « La Trilogie du Samedi » sur M6, forcément en dernier parce qu’à l’époque, les effets spéciaux en carton-pâte, ça pouvait faire peur aux plus jeunes… Grand souvenir. L’épisode des « hommes-poissons » avec Wentworth Miller (oui oui oui, Scofield dans Prison Break, tout à fait) m’a toujours laissé un souvenir marquant, jamais trop compris pourquoi.

    Etudier la série en détail prendrait des heures et des heures, tant elle est riche et beaucoup plus complexe que ce qu’on peut penser au premier abord. Ça me rappelle plein de souvenirs, c’est plutôt drôle de lire ton article, du coup.

    Bon, par contre, j’ai toujours eu du mal avec Angel. Je lui préférais Spike, même si c’était quand même le roi des cons (d’autant plus avec Buffy, qu’il harcèle ou fait culpabiliser, selon son humeur du jour).

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    1. Spike ❤
      Je suis content que tu sois d'avis avec moi, j'ai un amour sans borne pour Buffy, que je considère série porteuse et innovante des années 90. Tellement de bons épisodes, tellement de kitsch (surtout dans les premières saisons), un vrai bonheur 🙂 si tu ne l'as pas fait depuis longtemps, je ne peux que te conseiller de remater Buffy, quand tu auras le temps, si tu te sens nostalgique !

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      1. J’ai un projet encore plus ambitieux (en terme de temps, je veux dire)… L’intégrale de X-Files. Là aussi, Nineties powa 😀

        Trop de séries, pas assez de temps, rhâ!

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